Une bouffée d'air frais pour votre maison connectée avec AirGradient

Introduction

Aujourd'hui, nous allons vous parler d'un sujet qui nous concerne tous, mais que nous avons tendance à ignorer : la qualité de l'air intérieur et extérieur. On passe en moyenne 90 % de notre temps à l'intérieur, que ce soit à la maison, au bureau ou à l'école. Pourtant, l'air qu'on y respire est souvent plus pollué que l'air extérieur !
Mais bonne nouvelle, il existe une solution pour tenter de comprendre ce qu'il se passe, afin d'agir et finalement de peut-être prendre le contrôle de la qualité de l'air de l'intérieur de nos logements !
Ce sont les moniteurs AirGradient Open Air (module extérieur celui testé) et AirGradient One (module intérieur). Les deux modules se déclinent en version à monter soi-même.

Vous connaissez sûrement notre amour pour les projets "fait maison" et l'écosystème open source. C'est pour ça que ces petits bijoux nous ont tapé dans l'œil. Non seulement ils sont super précis, mais en plus, ils sont totalement ouverts (d'où son nom !). Vous pouvez les assembler vous-même, et toutes les données qu'ils collectent sont disponibles soit pour une intégration facile et local avec des plateformes comme Home Assistant, via un flash ESPHome natif ce qui sera votre allié majeur pour une intégration facile pour une maison encore plus connectée et plus intelligente.

Caractéristiques

Dans la boîte

• USB-C pour l'alimentation
• Câble fourni : 4 m USB-C vers USB-A (alimentation 5V 2A non incluse)
• Matériau : plastique ASA résistant aux UV et aux intempéries
• Montage : mural ou sur poteau (vis non fournis ou colliers inox fournis)
• Dimensions : 91.5 × 86.7 × 85 mm
• Poids : 180 g (hors câble)

ESP32-C3-MINI

• Processeur RISC-V 32 bits, jusqu’à 160 MHz
• 384 KB ROM, 400 KB SRAM, 4 MB flash
• Wi-Fi 2.4 GHz (802.11 b/g/n)
• Bluetooth 5 + Mesh

Capteurs intégrés

Quelles sont les mesures réalisées par l'AirGradient Open Air ?

Alors, qu'est-ce qu'il mesure exactement ? Ce n'est pas qu'un simple gadget. Le moniteur AirGradient Open Air est un véritable tableau de bord de la qualité de l'air qui vous permet de surveiller plusieurs indicateurs clés :

• PM0.3, PM1.0, PM2.5 et PM10 (Particules fines) : Ces particules, plus petites qu'un cheveu, sont classées par leur diamètre. Celles de 2.5 micromètres ou moins (PM2.5) sont particulièrement dangereuses, car elles peuvent pénétrer profondément dans nos poumons et notre circulation sanguine, causant de graves problèmes de santé.
• CO2 (Dioxyde de carbone) : On en reparlera plus en détail, mais c'est un excellent indicateur de la ventilation de votre logement.
• VOC (Composés Organiques Volatils) : Ces gaz sont émis par de nombreux produits de la vie courante comme les peintures, les produits de nettoyage, les meubles neufs, ou même les parfums.
• NOx (Oxydes d'azote) : Principalement émis par la combustion, ils sont présents dans les fumées de cuisson ou le chauffage au gaz.
• Température et Humidité : Deux paramètres essentiels pour notre confort et pour éviter le développement de moisissures.

CO2 dans nos maisons : la menace invisible ?

Le dioxyde de carbone (CO2) est un polluant très courant dans nos logements. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne vient pas d'une usine voisine, mais de nous-mêmes ! C'est le principal gaz qu'on expire.

D'où vient le CO2 chez nous ?

• La respiration humaine et animale : Plus il y a de monde dans une pièce et moins elle est ventilée, plus le niveau de CO2 monte rapidement.
• Les appareils à combustion : La cuisson au gaz, les cheminées ou les chauffages d'appoint peuvent aussi en produire en grande quantité.

Les conséquences d'une forte exposition au CO2

Un taux élevé de CO2 dans l'air est un signal d'alerte pour une ventilation insuffisante. Quand la concentration de CO2 monte, d'autres polluants s'accumulent aussi, et on peut commencer à ressentir divers symptômes :

• Taux entre 1000 et 2000 ppm : Somnolence, difficultés de concentration, maux de tête. Vous vous êtes déjà senti un peu mou au milieu de l'après-midi ? Le CO2 pourrait en être le coupable !
• Taux au-delà de 2000 ppm : Fatigue accrue, vertiges, voire nausées.

Ce que donne le site d'AirGradient

🟩 Excellent — < 800 ppm
🟨 Acceptable — 801 à 1000 ppm
🟧 Peu idéal — 1001 à 1500 ppm
🟥 À éviter — 1501 à 2000 ppm
🟪 Mauvais pour la santé — 2001 à 3000 ppm
🟫 Très mauvais — > 3000 ppm

Comment faire baisser le CO2 ?

La solution est simple et gratuite : la ventilation !

• Ouvrez vos fenêtres : L'idéal est de créer un courant d'air en ouvrant une fenêtre à l'opposé de l'autre. Faites le pendant 10 à 15 minutes, au moins deux fois par jour.
• Ventilation mécanique contrôlée (VMC) : Si votre logement en est équipé, assurez-vous qu'elle fonctionne bien et qu'elle est entretenue régulièrement.

Plantes d'intérieur : Certaines plantes comme le Pothos ou la Sansevière peuvent aider à purifier l'air, mais elles ne suffisent pas à elles seules.

PM2.5, PM10… Les particules fines : des intrus microscopiques

Les particules fines sont des poussières invisibles en suspension dans l’air. Elles sont classées par taille : PM10 (moins de 10 microns), PM2.5 (moins de 2.5 microns), PM1, PM0.3… Plus elles sont petites, plus elles pénètrent profondément dans nos poumons.

D’où viennent les particules fines ?

• Trafic routier : combustion des moteurs, abrasion des pneus et des freins.
• Chauffage au bois ou au fioul : émissions de suie et de cendres.
• Activités industrielles : incinérateurs, usines, chantiers.
• Pollens et poussières : surtout en période sèche ou venteuse.

Les conséquences sur notre santé

Les PM2.5 sont les plus préoccupantes :

• Irritations des voies respiratoires, toux, asthme.
• Risques accrus de maladies cardiovasculaires.
• Effets à long terme sur le système nerveux et le développement cognitif.

Comment s’en protéger ?

• Évitez d’aérer pendant les pics de pollution (trafic, feux de cheminée).
• Utilisez un purificateur d’air avec filtre HEPA.
• Surveillez les niveaux avec un capteur extérieur comme AirGradient pour adapter vos habitudes.

TVOC/VOCs : les composés organiques volatils, ces gaz invisibles

Les TVOC (Total Volatile Organic Compounds) regroupent une famille de gaz émis par des produits chimiques présents dans nos environnements.

D’où viennent les TVOC ?

• Peintures, colles, vernis : surtout lors de travaux ou rénovations.
• Produits ménagers : nettoyants, désodorisants, sprays.
• Meubles neufs : bois aggloméré, plastiques, textiles traités.
• Carburants et solvants : garages, ateliers, bricolage.

Les conséquences sur notre santé

• Maux de tête, irritations des yeux et des voies respiratoires.
• Effets neurotoxiques à long terme.
• Risques accrus pour les enfants et les personnes sensibles.

Comment limiter les TVOC ?

• Aérez après l’utilisation de produits chimiques.
• Choisissez des produits écolabellisés ou sans solvants.
• Surveillez les pics avec un capteur pour adapter vos routines.

NOx : les oxydes d’azote, polluants urbains par excellence

Les NOx (NO et NO₂) sont des gaz irritants issus de la combustion. Ils sont omniprésents en ville, surtout près des axes routiers.

D’où viennent les NOx ?

• Moteurs thermiques : voitures, camions, scooters.
• Chaudières et chauffages à combustion.
• Feux de bois, barbecue, incinération.

Les conséquences sur notre santé

• Irritations des bronches, toux, asthme.
• Sensibilisation des voies respiratoires chez les enfants.
• Contribution à la formation de l’ozone et des particules secondaires.

Comment s’en protéger ?

• Évitez les zones à fort trafic aux heures de pointe.
• Aérez en dehors des pics de pollution.
• Utilisez les données du capteur pour planifier vos sorties ou vos ouvertures de fenêtres.

Température et Humidité : les alliés du confort

Même si elles semblent banales, la température et l’humidité jouent un rôle clé dans notre bien-être et dans l’interprétation des autres mesures.

Pourquoi surveiller la température ?

• Trop chaud (> 30°C) : fatigue, déshydratation, troubles du sommeil.
• Trop froid (< 16°C) : inconfort, humidité excessive, risques pour les personnes fragiles.

Pourquoi surveiller l’humidité ?

• Trop sec (< 30%) : irritation des muqueuses, peau sèche.
• Trop humide (> 70%) : moisissures, acariens, dégradation des matériaux.

Comment agir ?

• Utilisez un humidificateur ou un déshumidificateur selon les cas.
• Adaptez le chauffage ou la climatisation.
• Créez des automatisations dans Home Assistant pour maintenir un confort optimal.

Intégration du AirGradient Open Air dans Home Assistant

Bonne nouvelle : le capteur AirGradient Open Air est 100 % compatible Home Assistant dès sa sortie de boîte grâce à ESPHome. Plus besoin de flasher manuellement un firmware complexe ou de configurer MQTT — tout est prêt pour une intégration fluide.

Étapes d’installation

• Branchez le capteur sur secteur via le câble USB-C fourni.
• Connectez le à votre réseau Wi-Fi :
  • Le capteur crée un point d’accès temporaire (AirGradient-XXXX).
  • Connectez-vous avec votre téléphone ou PC.
  • Entrez vos identifiants Wi-Fi.

• Ajoutez le dans Home Assistant :
  • Allez dans Paramètres → Appareils & Services.
  • Home Assistant détecte automatiquement l’appareil via ESPHome.
  • Cliquez sur Configurer pour l’ajouter.
  • les différentes remontées de capteurs sont disponibles

Calibration des capteurs : automatique ou manuelle

Le capteur AirGradient Open Air utilise des composants de qualité, mais comme tout capteur de gaz ou de particules, une calibration régulière est essentielle pour garantir la fiabilité des mesures. Par défaut, certains capteurs comme le SenseAir S8 (CO₂) ou le SGP41 (TVOC/NOx) disposent d’une calibration automatique qui s’ajuste progressivement sur plusieurs jours (généralement entre 7 et 21 jours) en supposant que le capteur est exposé régulièrement à de l’air frais. Il est aussi possible de forcer une calibration manuelle via ESPHome ou le Dashboard AirGradient, notamment si le capteur est installé dans un environnement pollué en continu. Un bon conseil : exposez le capteur à l’air extérieur pur pendant quelques heures pour aider à stabiliser les valeurs de référence.

“Air pur” est une notion un peu théorique, surtout quand on vit en zone urbaine ou semi-urbaine. Mais pour la calibration automatique des capteurs comme le SenseAir S8 ou le SGP41, ce qu’on cherche surtout, c’est une exposition régulière à un air “relativement frais”, c’est-à-dire :

• Un endroit bien ventilé, sans sources de pollution directe (pas de cuisine, pas de garage, pas de cheminée).
• Une période de faible activité humaine, comme tôt le matin ou la nuit.
• Une variation naturelle des niveaux de CO₂ ou de TVOC, pour que le capteur puisse détecter un “minimum” et s’y recalibrer.

En pratique, ça veut dire que si votre capteur est installé dehors ou dans une pièce bien ventilée, il finira par se calibrer correctement tout seul au bout de quelques jours. Et si vous souhaitez forcer la calibration, il est totalement possible de la faire manuellement, en appuyant sur le bouton qui est disponible dans la partie configuration :

Dashboard : Home Assistant ou AirGradient ?

Une fois le capteur AirGradient Open Air installé, vous avez deux options pour visualiser les mesures :

• Dans Home Assistant : les entités sont directement disponibles et peuvent être affichées dans des cartes gauge, graph, ou mini-graph-card. Vous gardez le contrôle total sur vos données, sans dépendance extérieure.

• Sur le Dashboard AirGradient, accessible en ligne : il offre une interface claire avec des graphiques, des historiques et la possibilité de partager vos données (de manière anonyme ou publique). Attention toutefois : AirGradient prévoit de rendre certaines fonctionnalités payantes, notamment l’accès à l’historique étendu et aux alertes avancées. Cela peut limiter l’intérêt pour les utilisateurs souhaitant une solution 100 % gratuite et locale.

Vous n'êtes pas du tout obligé de partager vos données sur le cloud d'AirGradient. Au moment de la connexion du WiFi, il y a une case à cocher pour masquer les données vis-à-vis d'AirGradient et ainsi être 100% en local.
Néanmoins, vous pouvez aussi partager les données mesurées, pour la communauté tout en déplaçant le point de collecte en dehors de votre zone d'habitation de quelques centaines mètres, cela ne faussera pas la carte pour autant.

Pour une approche libre, privée et personnalisable, Home Assistant reste la meilleure option — surtout si vous souhaitez créer des automatisations ou croiser les données avec d’autres capteurs.

Exploiter les mesures avec Home Assistant : des automatisations utiles

Nous allons tenter de voir ensemble quelques automatisations simples à mettre en place en face de chaque valeur mesurée afin de se faire une idée de l'intérêt de ces mesures.
Vous pourrez bien entendu partager vos automatisations et scripts qui seront surement bien plus élaborés que ceux ci-dessous !

Aération intelligente selon le CO₂

Objectif : ouvrir les fenêtres quand le CO2​ intérieur est plus élevé que le taux de CO2​ extérieur

alias: Aérer si CO₂ intérieur > extérieur
trigger:
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.co2_salon
    above: 1000
condition:
  - condition: numeric_state
    entity_id: sensor.co2_exterieur
    below: 600
action:
  - service: notify.mobile_app_mon_telephone
    data:
      message: "L’air extérieur est plus frais, pensez à aérer !"

Alerte pollution PM2.5

Objectif : prévenir les habitants en cas de pic de pollution extérieure.

alias: Alerte pollution extérieure
trigger:
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.pm_2_5_exterieur
    above: 35
action:
  - service: notify.mobile_app_mon_telephone
    data:
      message: "Pollution élevée dehors (PM2.5 > 35 µg/m³). Évitez les activités physiques extérieures."

Activation d’un purificateur d’air

Objectif : allumer automatiquement un purificateur si la pollution intérieure dépasse un seuil. Je n'en ai pas à la maison mais cela peut donner ceci :

alias: Purificateur automatique
trigger:
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.pm_2_5_salon
    above: 25
action:
  - service: switch.turn_on
    target:
      entity_id: switch.purificateur_air

Alerte TVOC ou NOx

Objectif : détecter une pollution chimique (produits ménagers, barbecue, etc.) et prévenir.

alias: Alerte COV ou NOx
trigger:
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.tvoc_index
    above: 300
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.nox_index
    above: 300
action:
  - service: notify.mobile_app_mon_telephone
    data:
      message: "Pollution chimique détectée. Aérez ou évitez les sources de combustion."

Confort thermique

Objectif : ajuster le chauffage ou la climatisation selon la température extérieure.

alias: Régulation thermique
trigger:
  - platform: numeric_state
    entity_id: sensor.temperature_exterieur
    below: 5
action:
  - service: climate.set_temperature
    target:
      entity_id: climate.salon
    data:
      temperature: 21

Conclusion

Le AirGradient Open Air s’impose comme une solution complète, ouverte et accessible pour surveiller la qualité de l’air extérieur. Facile à intégrer dans Home Assistant grâce à ESPHome, il permet de suivre en temps réel des indicateurs clés comme le CO₂, les particules fines, les COV, les NOx, la température et l’humidité.

Mais au-delà des chiffres, ce capteur devient un véritable outil d’action : il vous aide à mieux ventiler, à anticiper les pics de pollution, à protéger votre confort et votre santé, et à automatiser intelligemment votre logement. Que vous soyez passionné de domotique, soucieux de votre environnement ou simplement curieux, ce projet open source mérite sa place dans votre installation.

Et comme toujours sur HACF, on aime les solutions libres, documentées et utiles — alors n’hésitez pas à partager vos retours, vos Dashboard, ou vos automatisations avec la communauté !

Pour information, vous pouvez retrouver les deux modules sur le site officiel d'AirGradient :

• AirGradient Open Air est aujourd'hui à 225$ et 125$ pour la version en kit
• AirGradient One quand à lui est au prix de 230$ et 138$ pour la version kit.